Réalité Socio-culturelle


Selon la version la plus répandue (celle du plus grand groupe socio6linguistique qu'est le AÏZO), BOPA serait fondé par un chasseur appelé AGUESSIYO encore appelé GBETO-AGUE (chasseur du bord des rives). Celui-ci a migré des environs d' Allada dénommés AZOHOUE -HOHO (ancien azohouè). Il serait parvenu sur la rive gauche du lac Ahémé, poursuivant des buffles ('AGBO' dans la langue locale). Il se serait confectionné son premier abri sous un rônier. Ce campement a engendré la fondation du village de AGONTISSA ou AGONSA (sous le rônier) deven.u aujourd'hui l'un des quartiers de l'arrondissement de Bopa. L'un des descendants de GBETO -AGUE du nom de TOSSA VI AVODEKAN, aurait quitté quelques années plus tard son père pour entreprendre à quelques kilomètres d' Agonsa l'élevage des buffles. Pour abriter ses buffles il construisit un grand enclos (AGBOKPA) qui a fini par imprimer son nom à la région. Les AÎZO venaient à AGBOKPANOU « à côté de l'enclos des buffles» pour satisfaire certains besoins.

Cette version n'est pas acceptée par les groupes sociaux minoritaires notamment les «TCIIANIIOUE » qui, tout en reconnaissant la fondation de AGONSA par AGUESSIYO, estimant que c'est plutôt ATC HAN, femme de TOSSAVI AVODEKAN qui s'est installée à l'enclos des buffles «AGBOKPANOU ». Elle aurait fondé « Tchanhoué » (chez ATCHAN) premier quartier de Bopa centre. Mais comme c'était une femme. l'on aurait attribué cette fondation à son mari « TOSSAVI AVODEKAN.

BOPA en tant qu'entité administrative est l'une des plus vieilles circonscriptions coloniales de notre pays.

Avant la pénétration française, BOPA était un territoire relevant de l'autorité du roi d'Abomey qui assurait au chef de BOPA, formation et protection contre tout agresseur, Pour preuve il convient de citer le cas de OGA FESSO qui, sous le règne du roi GLELE, passa plusieurs années de formation à Abomey avant d'être installé à BOPA.

Dès la conquête française, BOPA fut érigé en 1905, en chef-lieu de poste administratif. Ce territoire fut transformé en chef-lieu de subdivision en 1915. Ce titre lui fut supprimé en 1934 puis restitué en 1935. Il devient chef-lieu de Sous-Préfecture après l'indépendance en 1960. A la suite d'une nouvelle organisation administrative adoptée par notre pays après la révolution d'octobre 1972 , BOPA deviendra plus tard chef-lieu de District Rural. Avec le découpage administratif intervenu quelques années après, le District Rural de BOPA a été amputé d'une grande partie de son territoire qui est devenu District Rural de HOUEYOGBE. Le renouveau démocratique intervenu dans notre pays en Février 1990 fut un tournant capital dans l'histoire de notre pays. Celui-ci a engendré la décentralisation administrative qui conduisit à un nouveau découpage territorial. Désormais BOPA est devenu une Commune avec ses limites administratives anciennes, et appartient toujours au Département du MONO.

La population de la Commune de BOPA se compose aujourd'hui d'un grand nombre de groupes sociolinguistiques découlant de la grande variété de son histoire.

I.es groupes ethniques maloritaires de la commune sont les Sahouè venus de Ilonhoué. de I)akpla et de l)outou dans des vagues migratoires du XVIII" siècle pour s'installer dans tous les arrondissements de la commune ; ensuite les Xwéla ou Xwéda venus de Guézin, les Aïzo venus d'Allada, les Kotafon venus d'Agonmè, les Adja qui pour des activités commerciales s'installent de plus en plus dans la commune. A ces eroupes. il faut aussi ajouter les Yoruba. Ibo. Dendi. Guen. Goun. Watehi et Peulh.

Il est remarquable de constater que sur les lieux d'installation, chacun a perdu une partie de son originalité pour vivre en parfaite harmonie avec l'autre groupe linguistique.

BOPA fait partie des anciennes villes pré coloniales du Bénin. Malgré les différentes vagues migratoires et de peuplement, ce milieu humain paradoxalement n'est pas resté insensible à l'influence des chefferies Sahouè de Dakpla et de Doutou avec Holou SOVE. Ces chefferies ont été jadis renforcées par les responsables de cultes traditionnels et autres structures organisationnelles telles que les collectivités, les clans et l'autorité familiale.

A l'avènement de la colonisation, l'ordre social existant jusque là, a été quasiment bouleversé. Cette colonisation avait donné plus de pouvoir aux chefs de villages pour assurer l'organisation des travaux forcés et la récupération des impôts et taxes civiques. La sévérité des chefs de cantons, surtout celui des Sahouè a été l'une des raisons fondamentales des révoltes et des foyers de tension qui ont éclaté non seulement sur le territoirc de Bopa mais aussi dans toutes les régions du Bénin à cette époque là et qui ont rendu difficile la vie sociale.

A partir du discours programme du 30 Novembre 1974 dans lequel le régime révolutionnaire fit l'option du marxisme-léninisme, un coup d'arrêt fut donné au pouvoir traditionnel, La lutte contre la féodalité et l'obscurantisme a sonné définitivement le glas de la chefferie traditionnelle à Bopa. Cette situation a créé en son temps un grave préjudice à la société traditionnelle et il s'avère nécessaire aujourd'hui d'engager des actions pour revaloriser les us et coutumes de la commune.

On distingue deux sortes de religions, les religions traditionnelles et les religions étrangères:

  • Religions traditionnelles ( hèviosso, ogou, toholou, sakpata, dan, djagli, azon, cocou)
  • Religions étrangères (  le christianisme et I 'islam )


- Domaine littéraire et artistique

Il existe dans notre commune une grande variété de tam-.tams qui offrent à nos chansonniers, l'occasion de mettre en valeur leurs œuvres. Il s'agit de : hanlo-vogan, gbadja, ou agbadja zinlin ou gbétéhoun, atchanhoun ou sogoéhoun, kpodji —guèguè, toba, gota etc.

Le hanlo est le genre satirique par lequel les chansonniers d'une localité attaquent les vices d'une localité opposée. Il cst soutenu par le tam-tam s 'voganS' au cours duquel le S'Iêga " se fait remarquer. Personnage grotesque au visage barbouillé de suie et de blanc, il est habillé d'une épaisse jupe de raphias multicolores. d'un chapeau conique en palme de rônier surmonté d'une longue plume d'oiseau et se munit de deux chasse- mouches en raphias colorés. Son rôle est de jouer au bouffon. de dire des railleries pour ridiculiser les opposants.

Le hanlo a eu l'avantage de corriger les pratiques sociales du citoven mais il a créé la haine entre les familles et les dirigeants entre les quartiers ou les villages.


Certains auteurs contemporains modernes se sont intéressés à la culture de BOPA notamment :

•     Félix COUCHORO dans « L'Amour d'une féticheuse » retrace un drame qui s'est produit à BOP A,

•     Eustache PRUDENCIO dans « Le vent du Lac » a magnifié le Lac Ahémé,


En matière d'œuvre artistique nous citerons :

•     le poète chanteur Gustave GBENOU Vickey que Bopa a longuement

inspiré.

•     Le film « Solange, la Femme Pirogue » qui a été tourné sur le lac Ahémé avec des acteurs de Bopa par les réalisateurs Claude da SILVA et Modeste HOUNGBEDJI.

•     Les orchestres de musique modernes comme

•     Les pigeons blancs de Atoè dans Badazouin

•     Les anges de Gbétocomè dans Lobogo

•     Le peintre portraitiste Sogbossi Amèdé ATCHOTIN


- Culture andogène

  • Le Zangbéto

Créé au temps du roi Tê —Agbanlin pour assurer la sécurité nocturne, il a atteint progressivement la Commune de BOP A vers les années 1930. Aujourd'hui répandu dans presque tous les villa2es, il assure la sécurité. Cependant certaines cérémonies au début des travaux champêtres, empêchent ou retardent la tombée de la pluie.


  • Awilé

C'est une manifestation au cours de laquelle les non initiés se déguisent en initiés pour danser au rythme des tam-tams fétichistes. Awilé ou Awi. est organisé à l'intention du fétiche Sakpata chaque année ou toutes les fois qu'il s'avère

1 nécessaire. Elle peut durer plusieurs jours ou plusieurs semaines et se termine sur une cérémonie de purification "ahouangnignin" dont le but est de conjurer les mauvais esprits et calamités qui menacent les populations.


  • Fâ.

D'origine Nagot, le fâ est répandu dans la commune depuis des décennies. Il se pratique au cours des consultations d'oracles et d'initiations des adeptes.

La consultation du fâ permet au croyant de s'informer sur les causes cachées n d'une maladie ou d'une situation mystérieuse afin d'y remédier.

L'initiation d'un adepte à cette pratique lui permet de conjurer le mauvais sort ou d'ouvrir les voies de la chance et de la réussite dans les circonstances difficiles. Elle impose par contre à l'initié des interdits parfois gênants sur le plan social et surtout alimentaire.